"Le président étanche." Dans l'averse des commentaires relatant, avec plus ou moins de sarcasmes, l'entrée en fonction, sous des trombes d'eau, de François Hollande à la présidence de la République, la palme de l'habileté revient sans aucun doute à Kommersant. Visiblement impressionné, le quotidien russe décrit un François Hollande impassible face aux orages, sourd aux réprimandes de ses gardes du corps inquiets de le voir s'approcher de la foule et capable d'arriver à l'heure à l'Elysée "tout en s'arrêtant aux feux rouges et en laissant les piétons traverser au passage clouté".
Voiture toujours, le Times scrute à la loupe celle utilisée par le nouveau président pour remonter les Champs-Elysées : "Une Citroën DS5 hybride, un véhicule plus petit que tous ceux que l'on a pu voir à Chelsea depuis l'invention des 4X4". Le quotidien conservateur britannique conclut, presque désappointé : "L'heure est à la modestie pour les puissants."
"FORMALISME AUSTÈRE"
Le Temps, en Suisse, fait le même constat, le prolongeant au choix des hommes dont M. Hollande va s'entourer, en particulier son premier ministre, Jean-Marc Ayrault : "La France est désormais dirigée par deux socialistes au profil gestionnaire et travailleur, mesurés, au formalisme austère, ancrés en province, élus et réélus au suffrage populaire communal et régional, fidèles l'un à l'autre depuis de nombreuses années." Le quotidien voit même dans ce choix une "Opération camomille", destinée à "apaiser une France divisée, secouée, déboussolée, angoissée".
"Gravité et sobriété" également pour Le Soir, en Belgique, qui se félicite du discours "efficace" tenu par le président mais prévient : "Reste à ne pas en faire trop dans le genre dépouillé. La sobriété, ça va, mais il faudra éviter qu'elle tourne à la naïveté ou au snobisme à l'envers. (...) Etre président de la France n'est ni bling-bling ni banal."
"ORAGEUX"
L'avion présidentiel foudroyé fait lui aussi les délices des éditorialistes. Le Guardian l'avoue tout net, se proposant de "remercier les dieux de la métaphore, probablement ceux qui ont envoyé la foudre sur l'avion de François Hollande." Le quotidien britannique de centre gauche n'y voit "pas de meilleur présage" de la "guerre" qui s'annonce autour du sort de la monnaie unique : "Guerre entre gauche et droite, entre austérité et croissance, et entre le nouvellement élu et idéaliste M. Hollande et l'aguerrie pragmatique Mme Merkel". "Orageux, en effet", conclut le journal.
La Süddeutsche Zeitung cherche, elle, à tirer les premiers enseignements de cette prise de contact entre les dirigeants français et allemands. "Est-ce la fin du tandem franco-allemand ? Pas du tout ! Hollande va se modérer, Merkel va bouger. (...) François Hollande n'a pas une vision qui rappellerait Napoléon ou Mitterrand."
"CONDAMNÉS AU SUCCÈS" SUR L'EURO
Dans un autre article, le quotidien allemand estime que François Hollande offre "une opportunité à Merkel. Ils resteront dans l'histoire comme ceux qui sauvent l'euro ou comme ceux qui organisent sa liquidation. Ils sont condamnés au succès." Le New York Times souligne lui aussi que "le nouveau départ" de la relation franco-allemande a commencé avec "un coup de tonnerre, des excuses [pour le retard de M. Hollande] et une impression d'harmonie qui est apparue d'une certaine manière plus sincère étant donné l'adversité".
Mais les appréciations américaines favorables au nouveau président français pourraient ne pas durer longtemps. Le Washington Post note que les positions économiques de M. Hollande "pourraient ne pas être bien accueillies" à la réunion du G8, les 18 et 19 mai, à Camp David.
Le NYT s'intéresse à Valérie Trierweiler, cette "élégante et télégénique" première dame "au caractère bien trempé" dont l'indépendance est mise en exergue. M. Hollande et Mme Trierweiler sont "le premier couple non marié à occuper le palais de l'Elysée" et le journal y voit "le signe d'un changement d'attitude des Européens à l'égard de la famille".
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