Depuis le mois de mai, il a reçu, en toute discrétion, plusieurs grands patrons à l'Elysée. Le président a poliment écouté Bernard Arnault, l'empereur du luxe, quatrième fortune mondiale, l'un des invités du Fouquet's en 2007, après la victoire de Nicolas Sarkozy. Il a aussi déjeuné avec son concurrent, le très chiraquien François Pinault. Lui a au moins eu le bon goût de le soutenir pendant la campagne. Mais, comme ses congénères du CAC 40, entre la poire et le fromage, il a fait entendre le lamento du moment.
Un lobbying efficace
"C'est incroyable, a confié le président à l'un de ses proches. Je pensais que tous ces dirigeants venaient pour discuter compétitivité, croissance, stratégie industrielle. Mais non ! Tous ne m'ont parlé que d'une seule chose : les 75%." Sans même respecter de trêve estivale. En juillet et en août, les demandes de rendez-vous ont continué à affluer, les SMS ont crépité et les serveurs de l'Elysée ont été inondés de propositions pour "adapter" la promesse phare du nouveau quinquennat. Autrement dit, pour l'édulcorer.
Le lobbying a été efficace. Les pleureuses ont réussi à contaminer une bonne partie des troupes hollandaises avec leurs menaces de délocalisation de siège et d'exil dans des contrées fiscalement plus accueillantes. La supertaxe de 75%, censée toucher 3.600 foyers et rapporter aux alentours de 600 millions d'euros par an, ne devrait finalement concerner qu'un millier de personnes pour une durée exceptionnelle de deux ans. Exonérés, les footballeurs et les artistes, au prétexte qu'ils sont des "créateurs" et que leurs gains sont "aléatoires". A ce rythme-là, il faudra aussi exempter les notaires, les banquiers ou les avocats d'affaires qui ont des revenus irréguliers !
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