31 octobre. C'est la date à laquelle Christiane Taubira présentera le projet de loi sur l'égalité des droits pour les couples homosexuels. Si le Premier ministre Jean-Marc Ayrault n'a pas prévu que la procréation médicalement assistée fasse partie du texte, trois députés PS, Anne-Yvonne Le Dain, Marie-Anne Chapdelaine, Sandrine Hurel expliquent pourquoi ce droit doit aussi être accordé.
Le mariage pour tous est l’affirmation que deux adultes peuvent lier leurs vies devant la loi en toutes libertés de sexe, d’esprit et de corps. Nous pensons que la société française y est prête, et en assumons les conséquences en matière de droit de la famille. Ainsi, dans le prolongement des propositions de loi déposées par les socialistes en 2006 et 2008, le projet de loi du gouvernement prévoit de traiter dans le même texte mariage et filiation, évolutions doublement signifiantes pour les couples de même sexe.
Jusqu’où ? Nous souhaitons que la loi autorise toutes les femmes à recourir à la procréation médicalement assistée (PMA). En effet, pourquoi interdire à une femme l’accès à la maternité ? Ainsi, en France, les femmes célibataires sont actuellement exclues de l’accès à la PMA alors qu’elles y accèdent ailleurs en Europe : c’est un fait et aussi une question de moyens financiers. Or, les célibataires des deux sexes peuvent, par décret depuis 1974, adopter un enfant. Quelle bizarrerie se glisserait ainsi par omission dans la loi future, si celle-ci n’autorisait la PMA qu’aux couples légitimés dans un cadre légal ? Nous pensons que toutes les femmes doivent pouvoir demain devenir mères en France en toute légalité, égalité et sécurité. Continuer de le leur interdire serait sexiste et reproduirait l’antédiluvien contrôle du corps des femmes par le corps social. Car si non pourquoi ?
Ainsi, ouvrir l’accès à la PMA à toutes les femmes affirmera dans la loi que le possible des unes n’est pas celui des uns, et consacrera une égalité réelle entre les femmes et les hommes, c’est-à-dire une égalité de droit qui assume la primauté de la civilisation, et donc de l’esprit, sur le fait biologique. Cette égalité-là ne saurait se confondre avec une égalité de corps : les bébés sont portés par les femmes, pas par les hommes, et c’est le corps de la femme qui vivra les plaisirs voire les affres d’une grossesse et d’un accouchement, et de leurs suites éventuelles, bref, l’aventure tout à la fois banale et risquée de la maternité.
L’accès à la PMA pour toutes les femmes en France sera ainsi profondément égalitaire et humaniste, confirmant que l’espèce humaine – homo sapiens sapiens, l’humain qui sait qu’il sait – est composée de deux sexes égaux en droit quoique différents en corps.
Assumons à gauche que l’égalité n’est pas un concept juridique désincarné.
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