Tribune publiée dans Le Monde daté du mercredi 17 novembre 2010.
Le paravent des statistiques maquillées comme l'autosatisfaction répétée n'y changent rien : la politique de sécurité conduite par Nicolas Sarkozy depuis près de dix ans est un fiasco. Et ce n'est pas la reconduction du même premier ministre pour mener la même politique qui changera la donne.
Ce constat, aucun républicain ne peut s'en satisfaire. Il nous faut regarder la situation avec lucidité : si rien ne justifie jamais la violence, force est de constater que la société dans laquelle nous vivons est elle-même porteuse de violence. La concurrence de tous entre tous, les discriminations rampantes, la ghettoïsation, le culte du paraître et de l'argent, mais aussi les mutations familiales, les difficultés de l'école sont autant de réalités qui sapent les fondements de notre contrat social et le respect dû aux autres. Cette situation alimente les ferments de violence. Et faute d'un projet qui se donne pour ambition de rassembler les Français autour des valeurs de justice, de laïcité, de respect, mais aussi d'autorité, notre pays est engagé dans une fuite en avant aveugle et anxiogène.
Le mal est profond et il faut avoir l'honnêteté de dire que la mesure magique n'existe pas. M. Sarkozy a voulu faire croire le contraire. Parce que pour lui, la sécurité n'a jamais été qu'un cheval de bataille électoral. Il ne s'est pas rendu à Argenteuil ou à Grenoble pour régler les problèmes mais pour souffler sur les braises afin d'en récolter les fruits dans les urnes. Sans tapage ni gesticulations, les élus socialistes inventent sur le terrain des réponses qui permettent d'agir contre l'insécurité. Au plan national, la gauche est sur ce sujet souvent caricaturée. Sans doute n'avons-nous pas dit, ni suffisamment assumé ce que nous faisons, alors que les principales innovations de ces dernières années en matière de sécurité ont été portées par nous : prévention, îlotage, aide aux victimes, contrats locaux de sécurité, adjoints de sécurité, police de proximité... Aujourd'hui, nous n'acceptons pas qu'une résignation inquiète gagne les esprits, comme si l'insécurité était devenue une fatalité. Des formes nouvelles de violence se développent, contre soi, contre les autres et contre tout ce qui symbolise les institutions et leurs promesses d'égalité non tenues, jusqu'à l'absurde lorsque l'on s'en prend aux établissements scolaires, aux centres sociaux, aux pompiers.
Aucune violence n'est acceptable en république. Aucune. Alors, aujourd'hui, il est temps de porter une vision globale de la protection des Français et des moyens d'assurer la sécurité. C'est le sens du Pacte national de protection et de sécurité publique que nous proposons. Une politique qui concilie le temps court – celui de la réaction, de la répression et de la sanction – et le temps long – celui de l'anticipation, de la prévention et de la dissuasion. Une politique qui fait toute la place à la réparation due à la victime et à la réinsertion. Une politique du résultat plutôt que du coup d'éclat.
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