C'était il y a une semaine et peu de médias s'y sont intéressés. Dans un discours prononcé le 22 février au Génopole d’Evry au cours d’un déplacement consacré à la recherche, François Hollande est intervenu sur les cellules souches embryonnaires. S’il est élu, il a promis de demander au Parlement de voter une modification de la loi bioéthique de 2011, afin d’autoriser les recherches sur les cellules souches « dans le respect de la dignité humaine et de la non-marchandisation du vivant ».
Entretien avec Marisol Touraine :
Marisol Touraine, responsable du pôle social et santé de l'équipe du candidat, revient sur l’annonce de François Hollande en faveur de la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Il faut redonner un élan à la recherche sur les sciences du vivant. |
Quel est l’enjeu d’une telle décision pour la recherche française ?
Les chercheurs n’attendent que ça. Il s’agit d’aller plus loin dans des recherches qui permettront certainement d’élaborer des traitements plus efficaces dans la lutte contre le cancer, les maladies rares, les myopathies, le diabète...Toute une série de maux qui appellent une amélioration de la recherche pour lutter d’une façon plus efficace. Ça prendra du temps.
De plus, les avancées économiques et scientifiques passent par un élan nouveau donné à la recherche. Ainsi, conformément à ce que nous avions toujours défendu à l’Assemblée nationale depuis que les lois bioéthiques existent, François Hollande s’est engagé à permettre la recherche sur les cellules souches.
Evidemment il ne s’agit pas du tout de faire des recherches sur des corps ou des embryons, mais bien de permettre la recherche sur les cellules souches.
Quelle est la situation actuelle ?
Aujourd’hui nous avons un système qui est assez hypocrite avec une loi bioéthique qui n’autorise pas les recherches sur les cellules souches mais permet des dérogations. Depuis 2004 et plus récemment en 2011, les parlementaires socialistes ont demandé à mettre fin au système des dérogations et à accepter la recherche sur les cellules souches. Car beaucoup de pays peuvent aujourd’hui nous concurrencer sur ce terrain, les Etats-Unis, la Grande Bretagne ou la Suède par exemple.
Aujourd’hui, en France, la recherche sur les sciences du vivant s’en trouve bloquée alors même qu’elle avance ailleurs et que les laboratoires se développent dans d’autres pays.
Comment François Hollande pourra-t-il mettre en œuvre cette mesure ?
Ça passera par une loi. Un texte de loi révisant la loi bioéthique de 2011 sera déposé et débattu au Parlement.
Les industries de santé : un fort poids économique
Aujourd’hui les industries de santé sont une filière très peu structurée, regroupant des métiers et des modèles économiques très divers.
Ces industries représentent un poids économique majeur, avec une place importante pour les entreprises nationales : 200 000 emplois industriels, 2 millions d’emplois sur l’ensemble de la filière. La France est également le 1er pays producteur européen de médicaments, ce qui représente 100 000 emplois.
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