Indéboulonnable! Selon l'enquête exclusive Le Parisien/BVA, François Hollande conserve une large avance au premier tour de l’élection présidentielle et continue d’écraser son rival au second. Le candidat socialiste, qui cède toutefois un point lors de la première manche (33% contre 34% lors de notre dernier sondage début février) l’emporterait avec 59% des voix contre Nicolas Sarkozy si le scrutin avait lieu dimanche prochain.
Un score jamais atteint sous la Ve République (à l’exception du duel Chirac-Le Pen en 2002). Après un léger flottement en décembre et janvier, Hollande conforte sa position d’archi-favori. Comme si le résultat de l’élection était plié d’avance dans l’esprit des Français…
Bien sûr, les sondages n’ont aucune valeur de pronostic et ne font que refléter l’opinion à un instant T. Mais, à quarante-sept jours du premier tour, les stratèges de l’UMP, qui pariaient sur un resserrement progressif de l’écart, en sont pour leurs frais. Passé l’effet d’annonce de sa candidature, Nicolas Sarkozy stagne dans les intentions de vote. Pour le président sortant, qui avait misé une partie de sa stratégie sur une tonitruante entrée en campagne, c’est à la fois un échec et un signal inquiétant. Car tous les clignotants sont au rouge. Lorsqu’on entre dans les détails de notre enquête, on constate qu’au second tour il ne tire son épingle du jeu que sur de rares segments de la population (les agriculteurs, les artisans, petits commerçants, chefs d’entreprise et les Français qui travaillent à leur compte). Chez les ouvriers et les employés en revanche, l’autoproclamé « candidat du peuple » ne fait guère recette : ils votent respectivement à 67,7% et 62% pour Hollande. Même chez les plus de 65 ans, qui avaient largement contribué à sa victoire en 2007, il est battu d’une courte tête par le socialiste (50,3% contre 49,3%).
La campagne de Nicolas Sarkozy, qui avait connu un frémissement dans plusieurs sondages au lendemain de sa déclaration de candidature, donne désormais l’impression de patiner. Les défections de trois de ses concurrents à droite — Christine Boutin, Hervé Morin et le chasseur Frédéric Nihous — n’ont eu aucun effet. La semaine dernière, le débat a davantage tourné autour de la proposition de son adversaire de taxer à 75% les revenus supérieurs à 1 M€ qu’autour de ses idées. Plus inquiétant pour lui : son choix de renouer avec les fondamentaux de la droite dite « dure », comme l’immigration ou l’insécurité, dans un clin d’œil appuyé aux électeurs tentés par le Front national, n’a rien donné pour l’instant. Au second tour, les électeurs de Marine Le Pen ne sont en effet que 32% à se reporter sur son nom, contre 30% pour François Hollande. Seule consolation pour Sarkozy : notre sondage confirme que les Français envisagent aujourd’hui l’élection comme un duel et non comme un match à quatre. Derrière les deux principaux rivaux, les poids moyens sont à la peine.
Avec 14% des suffrages, Marine Le Pen, qui paie peut-être de mauvaises interventions médiatiques, perd deux points par rapport à notre précédente enquête, début février. Quant à François Bayrou, qui dénonce à grands cris la « sarkhollandisation » du débat, il n’est plus crédité que de 13% des intentions de vote. Un score qui le rapproche de l’étiage historique des centristes à l’élection présidentielle.
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