Entre sa visite à la Maison Blanche, le déjeuner avec Hillary Clinton, la rencontre avec David Cameron et le dîner du G8 à Camp David, François Hollande a pris le temps ce vendredi soir de se laisser longuement écraser par la foule des Français de Washington, invités à une réception à l'ambassade. « Merci, merci ! », « Félicitations ! », « Ca fait longtemps que l’on attendait cela ! », « 10 ans, 10 ans! », crient les fans sur son passage, eux-mêmes surpris que le nouveau président prenne autant de temps pour signer des autographes ou se laisser photographier à leurs côtés. L’une veut une photo pour son fils de huit ans, l’autre pour son neveu de cinq ans qui est en France, un troisième demande s’il se rappelle de son grand-père sénateur, d’autres lancent des noms de patelins corréziens pour s’assurer qu’il les localise bien… Certains le hèlent "Président Hollande!", d'autres disent encore "Monsieur Hollande!" Et chaque fois, François Hollande prend le temps de signer le chiffon de papier qu’on lui tend (« je signe là ? »), faire la photo pour le neveu (« il est où le neveu ? »), se souvenir du grand-père sénateur, serrer la main de Madame l’Ambassadeur du Sénégal, promettre des bourses aux élèves français à l'étranger ou même répondre aux questions des journalistes qui flairent l’aubaine et se glissent dans la foule. A RTL qui lui demande ce que cela fait de se retrouver soudain président, « catapulté à la Maison Blanche », François Hollande assure que « tout ça a été bien préparé, on n’est pas là par hasard ». A France 2 qui demande aussi s’il n’était pas impressionné de se retrouver face à Barack Obama, il répond « quand on est président de la France on ne doit être impressionné par rien », tout en concédant qu’« émotion » et « curiosité » sont permises. Et quand Libération lui demande s’il va sauver l’euro ce samedi au G8, il prend aussi le temps de répondre posément qu’il « s’agit surtout de sauver la Grèce dans l’euro ». « Obama en est conscient, il faut sauver la Grèce » assure François Hollande, laissant entendre comme il l’avait fait le matin déjà lors de sa courte déclaration à la Maison Blanche que le président américain est bien sur la même longueur d'onde. (Il faudra tout de même attendre les conférences de presse du G8 ce samedi pour espérer l’entendre de la bouche même d’Obama. Ces derniers jours encore, les diplomates américains interrogés sur ce point précis refusaient catégoriquement de dire si le sauvetage de l'euro doit se faire avec ou sans la Grèce).
Sur le passage de la meute, qui étouffe notre nouveau président, quelques grincheux trouvent tout de même cette mêlée « pas très présidentielle ». D’autres s'étonnent des nombreuses petites blagues dont François Hollande a entrelardé son discours devant la communauté française. « Je vous ai fait attendre plus que vous ne l’auriez souhaité » a-t-il commencé, pour préciser: « Je ne parle pas des cinq ans » (de présidence Sarkozy…). Au sujet d'Obama, il dit avoir entamé ce vendredi "une coopération et un partenariat qui, j'espère pour lui et pour nous, durera longtemps". Aux Français de l’étranger qu’il invite à participer au « redressement de la France », le nouveau président assure aussi qu’il ne s’agit pas de les assommer d’impôts. Plus sérieusement, il rappelle, de façon très bienvenue sur le sol américain, en ces temps de "crise de l'euro", que « L’Europe est la première puissance économique du monde ».
« Ce n’était pas très malin tout de même de sa part de s’être ainsi prononcé pour la réélection d’Obama. Il aura l’air de quoi si jamais Romney gagne en novembre ? » objecte notre ami Jean-Luc, qu’on ne peut suspecter de sympathies sarkozystes. Même si l’ensemble du discours, et ce bain de foule prolongé, manquent peut-être encore un peu de dignité présidentielle, le public -largement acquis d’avance- ne l’en a pas moins généralement trouvé « très sympathique », « accessible»… ou « normal », « au bon sens du terme », précise-t-on. « Ce n’était pas De Gaulle ou Mitterrand, résume notre ami Jean-Luc. Mais c’est peut-être mieux ainsi, il est plus moderne ».
Une heure plus tard, à son arrivée au dîner des chefs d’Etat et de gouvernement du G8, notre président "normal" se distingue aussi comme le seul portant cravate. Barack Obama le lui fait remarquer : « François, nous avions dit que vous pouviez enlever la cravate ! ». C’est « pour ma presse » répond Hollande. Obama, qui n'est jamais non plus à court de blagues, acquiesce: « Pour votre presse, vous devez avoir l’air bien ».
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