Arrêté à Beyrouth, Michel Samaha était le principal intermédiaire entre l’Elysée et le régime de Damas, à l’époque où Nicolas Sarkozy n’appelait pas au renversement du pouvoir syrien. Il est accusé par les services de renseignement libanais d'avoir préparé des attentats terroristes pour le compte d'Assad.
arrestation du député et ancien ministre libanais, Michel Samaha, un des principaux relais du régime syrien à Beyrouth, a provoqué une sorte de déflagration au Liban. Bachar El Assad en personne a décroché son téléphone pour demander au Président de la République libanais et à son premier ministre la libération de son conseiller et ami. Les forces pro syriennes à Beyrouth, le Hezbollah en tète, demandent sa libération immédiate. En face, les Forces de Sécurité Intérieures libanaises laissent filtrer dans la presse libanaise les accusations gravissimes qui sont portées aujourd’hui contre celui qui fut l’homme de confiance de Claude Gueant auprès de Bachar El-Assad.
A en croire diverses sources haut placées, souligne le très sérieux L’Orient-Le Jour, M. Samaha aurait fait des aveux circonstanciés, quelques heures seulement après son arrestation révélée par Marianne2 jeudi dernier. L’ancien ministre aurait reconnu avoir planifié, à l’instigation de Damas, plusieurs attentats à la bombe qui étaient prévus pour les fètes qui marquent la fin du Ramadan au Liban. Les explosifs auraient été transportés depuis la Syrie à bord de la mercedes personnelle de Michel Samaha.
Les accusations paraissent sérieuses, même si le contexte régional libano-syrien prête aujourd’hui à toutes les manipulations. Les services de sécurité, toujours d’après la presse libanaise et les chaines de télévision, seraient en possession de diverses preuves accablantes pour l’ex ami de l’Elysée : photos, vidéos, pièces à convictions… Son propre chauffeur serait passé aux aveux.
Il s’agit apparemment de la tentative d’Assad d’embraser la région et d’entrainer le Liban dans la guerre syrienne, en provoquant des attentats ciblés. Et Michel Samaha aurait été l’artisan de cette volonté suicidaire du régime syrien.
Amnésie chez les amis français de Samaha
D'après un autre titre, Al-Akhbar, les relations de Samaha avec la France sont beaucoup plus anciennes. Elles remontent à 1985. Ces dernières années, l'ancien ministre passait plus de temps à Paris avec sa famille qu'à Beyrouth. Les relations étaient régulières avec Claude Guéant après 2007, date de l'élection de Nicolas Sarkozy.
Ces révélations auraient pu inciter ses anciens amis français à un peu de prudence dans leur analyse du conflit actuel en Syrie. Au moment où leur homme de confiance à Beyrouth et Damas est accusé des pires turpitudes, Sarkozy, Gueant et Fillon auraient mieux fait d'être prudents dans l'analyse du dossier syrien. Mais à lire les déclarations récentes de l'ancien Président et, ce lundi matin encore, de François Fillon dans le Figaro, pour dénoncer la mollesse de Hollande face aux exactions de Damas, on est surpris par l'assurance de nos anciens dirigeants. C'est comme s'ils avaient été frappés d'amnésie!
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