On serait inspiré, dans le débat européen qui peu à peu émerge, de ne pas s'en tenir aux vieilles formules, convoquer les blâmes du "populisme" face aux critiques trop virulentes et s'en tenir là. Car il faut bien prendre la mesure de ce qui se déroule sous nos yeux : un Etat souverain dégradé au rang d'un protectorat, sous tutelle. Un peuple mis en minorité, désespéré des humiliations qu'il subit, mais prié, par un gouvernement qu'il n'a même pas choisi, de s'y résoudre. Il n'y a pas, explique-t-on, d'alternative à l'austérité.
Il n'y a pas d'alternative : depuis trente ans, c'est la formule magique des libéraux. Voilà où nous sommes. Nous n'avons pas quitté le monde fabriqué par la "révolution conservatrice" de Reagan et Tatcher. Leurs héritiers n'ont pas abandonné la partie. Ils sont même plus offensifs que jamais. L'effondrement provoqué par leur fanatisme et leur aveuglement – moins de pouvoir aux Etats, plus de liberté aux marchés – ne les a rendus ni plus modestes ni plus prudents. Leur doctrine a mené à la déroute, mais ils s'y cramponnent, persuadés que ce n'est pas la doctrine qui a tort mais la réalité qui se trompe.
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